La ville est d’abord une source: elle nous assaillit d’expériences inattendues, impossible à choisir ou à filtrer par la grille de notre compréhension édifiante, et de possibilités empressantes qui écrasent notre habilité de choisir. Ici j’alterne facilement entre la quête forcée, paniquée, non-dirigée du mieux de cette panoplie d’images (comme si ce mieux pouvait exister sans la préparation bien spécifique de moi-même comme réceptacle mûr et non passif de cette tranche du panorama au-delà de toute valeur) et un calme anesthésique où ma seule énergie me tient ficelé au moment présent. Le premier est contraire à tout ce que je suis capable de chérir, et, dans l’autre état, je me sens, tout en me laissant possédé par autrui, que mon âme devient laquée, impénétrable et inaccessible aux échanges humaines. Dans le langage du Zen, le phénomène ‘moi‘ se sépare du courant (porté librement dans le courant dans un contenant hermétique). La volonté de correspondre avec exactitude à l’expérience Zen (ou à aucune autre expérience ‘définie’) me parait suspect.
Mais comment la ville peut être une source d‘idées, de mises en question! Qu’est-ce l’expérience campagnarde par ailleurs? À voir en temps et lieu!
Enfin la ville m’aide à me dépouiller de la pesanteur de ma poche de souvenirs.
Le soupçon que tout est emporté par le courant inexorable de la consommation — agent suprême et impersonnel qui balaye objets, Nature, personnes, visions, passée, présent, futur, pensée, espoir, rêve, amour — toute énergie est nulle devant ce bélier parfaitement mécanique.